Déjà, il y a un siècle, certains avaient compris qu'il fallait relier Lille, Roubaix et Tourcoing. En septembre et en novembre, festivités au menu. Un article de Florence Traulle paru dans Nord Eclair.
«Si la capitale est fière de ses Champs-Élysées, considérés comme uniques au monde, la nouvelle ville de Lille-Roubaix-Tourcoing compte rivaliser avec elle et la dépasser même, puisque son avenue sera double après bifurcation ! ». Celui qui, en 1906, écrit ces lignes dans une revue fait partie de ceux qui moquent les ambitions avant-gardistes du futur « Grand Boulevard ». Imaginez il y a un siècle « 14 kilomètres de voies, 50 mètres de largeur segmentés en fonction des moyens de transport ; un "berceau de verdure" de 6 000 arbres au sein duquel piétons, cyclistes et cavaliers côtoient les automobiles et un nouveau tramway électrique dont "la vitesse égalera presque celle du métropolitain de Paris" ».
L'idée est alors totalement novatrice et c'est à peine si nous nous en rendons encore compte. Rudy Elegeest, vice-président chargé des grands événements à la communauté urbaine de Lille, le rappelle, ce fut « l'acte de préfiguration de la métropole, le premier signe de la construction métropolitaine ». Pensez donc, ses concepteurs ont l'idée géniale de relier Lille, Roubaix et Tourcoing, alors trois villes industrielles puissantes. Et cet ouvrage moderniste voit le jour grâce à l'action coordonnée de deux brillants chefs d'orchestre, les ingénieurs Alfred Mongy et Arthur Stoclet. Liaison pratique pour les uns, autoroute urbaine aberrante écologiquement parlant pour d'autres, « c'est aussi un lieu de vie, avec une forte dimension affective », ajoute Rudy Elegeest qui parle de ces « passionnés d'histoire et d'architecture » que les festivités du centenaire cet automne ne devraient pas manquer d'attirer.
Ce n'est pas Jean-René Lecerf, l'ancien maire de Marcq-en-Barœul, qui dira le contraire. Président de l'association Grand Boulevard 2009 qui rassemble les communes de La Madeleine, Marcq, Wasquehal, Croix et Mouvaux, il veut faire de cet anniversaire « un moment particulièrement symbolique ». Lui aussi le décrit comme « le symbole du lien et de l'identité de la métropole » et si les maires de l'association qu'il préside ont eu, au départ, le sentiment que la communauté urbaine tardait à enclencher la dynamique, on nous assure que ces temps sont révolus, que tout le monde tire dans le même sens. Il ne reviendra pas sur ce rapport sur la requalification du site rédigé du temps où il siégeait à la communauté urbaine, et qui a fini dans un tiroir où on ne sait quelle poussière le recouvre. « C'était sans doute trop un débat de spécialistes. La population s'était sentie à l'écart ».
C'est ce que tout le monde veut éviter désormais. La communauté urbaine vante « un projet associant les neuf villes traversées par le boulevard et un maximum de partenaires, associations, écoles, offices du tourisme, commerçants, entreprises, Transpole... ». Beaucoup ont répondu. Résultat : le 29 novembre, des expositions et des spectacles sont annoncés, des visites guidées aussi, le tout convergeant vers le Croisé Laroche pour un grand final festif, imaginé par le Groupe F qui a déjà animé des cérémonies de JO, des finales de coupes du Monde.
L'association Grand Boulevard 2009, elle, organise un défilé de 1 000 voitures anciennes le 27 septembre avec « pique-nique républicain » sur la piste cyclable. « Une manifestation plus à vivre qu'à voir » pour J.-R. Lecerf. Ici aussi, on veut faciliter les projets des autres.
Expositions itinérantes, conférences, les détails restent à affiner. Une certitude aussi : le Grand Boulevard ne veut pas uniquement se regarder dans le rétro. On parlera aussi de son avenir.